Jean-Pierre Devroey. Un portrait par Laurent Feller. Journée du Lamop du 27 mai 2021
Dans les années 1920 et jusqu’à sa mort en 1935, en France, le public cultivé s’accordait pour reconnaître en Henri Pirenne le meilleur historien de langue française alors en vie. Mutatis mutandis, il arrive aujourd’hui un peu la même chose avec Jean-Pierre Devroey dont le travail et l’œuvre figurent parmi les plus importants de ces dernières décennies. Son champ d’investigation et de réflexion est strictement défini et est limité à un haut Moyen Âge qui va du VIe au XIe siècle et couvre principalement les territoires recouverts par l’empire carolingien. S’il n’intervient pas sur l’Italie il en est cependant un fin connaisseur et sa bibliographie comme sa documentation lui sont familières et il y compte de nombreuses amitiés scientifiques. Ses intérêts le portent vers une histoire économique et sociale enrichie par la lecture des sociologues en particulier de Max Weber et des philosophes : son livre sur la Nature et le Roi utilise les travaux de Michel Foucault, en particulier les textes issus de ses cours au Collège de France, tandis que Puissants et misérables mobilise Weber, notamment lorsque, dans sa conclusion, il définit les abbés du haut Moyen Âge comme des acteurs économiques rationnels, posant par là-même la question de l’attitude des élites sociales à l’égard de la production des richesses, du travail et de l’échange. L’histoire qu’il pratique est très sensible aux questions de l’environnement et, en particulier, aux plantes. Cela l’amène à développer une méthodologie particulière où l’écologie et l’ethnologie tiennent une place non négligeable comme le montrent les deux colloques publiés en 1989 et 1995 par l’Université libre de Bruxelles ou encore le grand article des semaines de Spolète sur la céréaliculture dans le monde franc.
Ses curiosités le portent également vers l’histoire de l’environnement et, en particulier, vers l’étude des plantes. Cela l’amène à développer une méthodologie particulière où l’écologie et l’ethnologie tiennent une place non négligeable comme le montrent les deux colloques publiés en 1989 et 1995 par l’Université libre de Bruxelles et la grande leçons donnée aux Semaines de Spolète en 1989 sur la céréaliculture dans le monde franc.
La carrière de Jean-Pierre Devroey s’est déroulée à l’Université libre de Bruxelles dont il a dirigé la bibliothèque durant de nombreuses années tout en assurant un service de professeur dans un milieu particulièrement tonique, avec comme compagnons Jean-Marie Sansterre et Alain Dierkens, faisant vivre une tradition intellectuelle dont, à la génération précédente, Georges Despy avait été l’un des principaux artisans. Sa participation aux travaux du Lamop, dans des programmes dirigés par Régine Le Jan, Monique Bourin ou moi-même a été constante depuis la fin des années 1990 : c’est un vieil ami que nous accueillons aujourd’hui. Un vieil ami dont la réputation internationale est très bien assise et qui publie avec régularité dans les meilleures revues et qui s’associe aux travaux de nombreuses équipes.
Historien, bibliothécaire, Jean-Pierre Devroey participe aussi à la consolidation ainsi qu’à la diffusion d’une historiographie européenne. Il a ainsi promu la traduction d’une œuvre d’Eileen Power, Gens du Moyen Âge ou encore celle du très beau livre de Vito Fumagalli, Paysages de la peur et a édité, enfin, une Histoire de l’Europe de H. Pirenne, demeurée inachevée. Bref, une activité débordante et novatrice. C’est aussi un grand lecteur de romans populaires et je me souviens d’avoir échangé avec lui à propos de la cuisine dans Alexandre Dumas et de ce que mangeaient les Mousquetaires dans leur voyage vers l’Angleterre.
Mais ce n’est évidemment pas pour cela, ou ce n’est pas comme cela, que nous avons, en France, fait sa connaissance. Ses premiers articles datent de la seconde moitié des années 1970. Ils ont nourri les enseignements que nous avons été amenés à donner sur l’économie du haut Moyen Âge. La perspective d’un haut Moyen Âge qui n’était pas aussi sombre que celui présenté jusque là par l’historiographie française semblait beaucoup plus prometteuse et beaucoup plus proche de la réalité que ce que l’on trouvait alors dans les manuels de Duby ou de Fossier. De ce point de vue, Mansi absi, inversant les perspectives sur le peuplement du manse et montrant que les gestionnaires des grands domaines carolingiens avaient conscience de l’état du peuplement comme des moyens d’y faire face, avait quelque chose de tout à fait satisfaisant et de très novateur, permettant de se placer en rupture par rapport aux générations précédentes. De même, l’idée développée dès les années 1980, que l’échange marchand jouait un rôle positif dans l’économie carolingienne et qu’il était même moteur dans son développement a été pour nous une leçon, alors renforcée par les enseignements et les écrits de Pierre Toubert. La perspective développée par J.-P. Devroey parmi les premiers a nourri ce qui apparaît comme un changement de paradigme systématisé et théorisé aussi bien par J.-P. Devroey lui-même que, en même temps que lui, par C. Wickham.
J.-P. Devroey fait partie des historiens qui se sont intéressés à la question de la démographie du haut Moyen Âge, malgré les difficultés posées par la documentation et les impasses auxquelles on se heurte en l’étudiant : saisir l’évolution d’une population alors que l’on ne peut calculer ni les taux de natalité ni les taux de mortalité et encore moins les taux de fécondité peut sembler une entreprise hasardeuse. En réalité, les chiffres, une fois critiqués et replacés dans le contexte de leur élaboration, nous donnent tout de même des indications qui ne sont pas floues et permettent aussi de reposer à nouveaux frais des questions fondamentales. Que signifie, par exemple, la sous-représentation des femmes dans les polyptyques ? Devroey lance l’hypothèse que l’on est en présence de phénomènes de sous-enregistrement liés à la structure sociale et politique : les femmes se marient en dehors de la seigneurie concernée et ne sont donc pas nécessairement recensées, parce qu’elles ne relèvent pas du domaine concerné. Cela permet d’écarter l’hypothèse lancée dans les années 1970 d’un infanticide sélectif des filles que rien, hormis les anomalies de la sex ratio dans le domaine ne permet d’établir.
Les études sur la démographie carolingienne ont un autre avantage qui est de montrer que l’usage des nombres dans les études portant sur le haut Moyen Âge n’est pas une cause perdue, au contraire, et que leur analyse peut nous introduire à une meilleure compréhension des réalités de la seigneurie carolingienne et constitue une introduction à sa rationalité. Ce sont là des thématiques que J.-P. Devroey a travaillé tout au long de son œuvre, cherchant à comprendre, au travers d’une documentation difficile et souvent contradictoire, comment les hommes se sont arrangés des conditions naturelles, sociales et politiques pour développer la production de richesses, asseoir au mieux leur culture matérielle dans un moment complexe et difficile de développement. Plutôt que de rechercher une croissance introuvable, en effet, parce que, malgré tout, on ne peut pas en mesurer les facteurs, J.-P. Devroey préfère parler de résilience et de développement, prenant appui sur les analyses menées autour des économies du Tiers Monde et, en particulier, sur les travaux de E. Boserup.
Un haut Moyen Âge, aussi, où les signes et les formes de la domination exercée par les seigneurs sur les paysans doit être recherchée et ses limites tracées. L’idée que les polyptyques, entre autres fonctions, constituaient ce que Devroey appelle la loi du domaine est très profitable. Les enquêtes menées par les gestionnaires des domaines semblent ne s’intéresser qu’au prélèvement opéré sur la production et sur la force de travail. Ce faisant cependant, elles vont au-delà et donnent des informations bien plus riches sur l’organisation sociale et politique des seigneuries concernées. L’enquête fait foi et ses résultats, transcrits sur les registres, s’imposent à tous, aux seigneurs comme aux paysans. Cela a des conséquences importantes : le régime domanial n’est pas celui de l’arbitraire, quand bien même les conditions imposées aux producteurs sont d’une extrême rigueur et à la limite du supportable. D’un point de vue méthodologique ou théorique, cela entraîne des conséquences importantes, qui ont amené, petit) petit à reformuler nos catégories d’analyse. Il n’y a pas besoin, dans ce cadre, de seigneurie banale, le prélèvement sur le travail paysan et sur les surplus de la production est déjà maximal, comme le contrôle social opéré sur la paysannerie par la seigneurie est déjà au plus haut : le xie siècle, dans ce contexte, ne peut rien ajouter, du moins sur les terres déjà soumises au régime domanial. Cela dit, les conditions concrètes de la domination seigneuriale créent, dès le ixe siècle, la possibilité d’un essor économique lent, contrarié par les troubles politiques et les difficultés de tous ordres, mais réel.
L’idéologie du pouvoir telle qu’elle se définit sous Charlemagne encadre ces tendances de fond. L’analyse de celles-ci est enrichie par l’attention constante portée aux questions de l’environnement et à la réécriture partielle de l’histoire qu’elle amène à faire. L’intérêt du travail récent de J.-P. Devroey est de lier histoire politique et l’histoire du climat, c’est-à-dire l’histoire naturelle et l’histoire polico-sociale qu’il pratique. Alors que les conditions climatiques sont, sinon entièrement défavorables, du moins très instables jusqu’au xe siècle et le début de l’anomalie climatique médiévale, les souverains doivent trouver les moyens de gouverner au mieux et considèrent que la prospérité de leurs sujets dépend de leur performance en tant que gouvernants. Ce point, longuement développé et scruté dans La nature et le roi, est d’un particulier intérêt parce qu’il amène à lier histoire économique, histoire politique et histoire culturelle. Les souverains ont des moyens d’action matériels limités et ils ont conscience que leurs décisions et leurs actions sont jugées par la Providence divine, leur performance dit Devroey est jugée, et les mauvaises récoltes ou les famines ou encore les accidents de la nature sont liés leurs qualités personnelles. La conception du pouvoir qui en découle habite toute la période médiévale et dure encore au xviie siècle comme le montre Devroey, en s’appuyant sur les analyses menées par Foucault pour son cours dans les années 1970, lorsqu’il élaborait le concept de bio-pouvoir dont la mobilisation est éclairante, même pour comprendre le fonctionnement de la seigneurie.
L’intrusion de Foucault dans l’histoire du haut Moyen Âge, à la fois réjouissante et justifiée, n’est évidemment pas le seul élément de renouvellement apporté par J.-P. Devroey dans l’étude de l’économie de cette période. Ceux-ci se fondent sur une méthodologie d’une extrême rigueur, mobilisant les techniques les plus classiques de l’érudition et une présentation de sa pensée d’une extrême efficacité, que ce soit par l’écriture ou par la mobilisation de procédés d’exposition. J’en retiendrai deux, tout à fait essentiels à mes yeux, l’usage de la codicologie, la formalisation de sa pensée par l’usage de tableaux.
Une question importante de l’historiographie actuelle est celle de la valeur et de la signification des chiffres à l’époque médiévale. Elle se pose avec une acuité toute particulière pour la période carolingienne où ils sont utilisés sans arrêt aussi bien dans les grands inventaires que sont les polyptyques que dans les textes normatifs, comme les Coutumes d’Adalhard de Corbie, voire dans les capitulaires. Or, leur utilisation semble parfois avoir été faite étrangement, sinon n’importe comment. L’exemple des sommes dans le polyptyque d’Irminon en est à cet égard tout à fait significatif. Chaque bref décrivant une villa se termine par une somme et le lecteur peut penser que celle-ci est l’addition de tous les nombres donnés en précédence (nombre d’hommes, surfaces de terres, nombre des corvées exigibles, sommes d’argent dues, etc…). Or, ces sommes ne coïncident pas entre elles et les sommes finales ne correspondent pas à celles des parties qui les constituent. On est tenté d’en déduire immédiatement que le scribe ne savait pas additionner convenablement et qu’il commettait constamment des erreurs de calcul irrattrapables pour nous entachant tout son travail et en rendant l’exploitation aléatoire voire impossible. Il y a une autre explication, que seule une analyse codicologique un peu fine, qui inclue d’ailleurs une réflexion sur la procédure employée pour recueillir l’information, permet de découvrir. Les sommes en effet ne sont pas calculées à partir du texte du polyptyque mais à partir d’un autre document, élaboré au cours de l’enquête et qui contenait les données d’un autre manuscrit. Les sommes proviendraient de là et, n’étant pas le résultat de l’addition des données chiffrées du bref, ne prouveraient rien quant à l’inaptitude au calcul du scribe et à son incompétence supposée. En revanche, cette enquête nous rappelle la complexité de l’enquête menée et la difficulté qu’il y a à en saisir aussi bien les étapes que la matérialisation du résultat lors du passage à l’écriture. Ici, la critique documentaire restitue leur sens aux données chiffrées et éclaire les conditions de leur employabilité. Elle permet aussi de faire se rejoindre histoire culturelle et histoire socio-économique en montrant comment la culture de l’écrit a permis aux agents d’établir des procédures qui permettent de chercher et de trouver les informations et de les rendre utiles pour les gestionnaires. La façon dont le petit registre conservé aujourd’hui à la Bibliothèque nationale a été manipulé, démonté et recomposé et celle dont des ajouts y ont été faits établit qu’il servait et n’avait donc pas été fait simplement pour obéir à l’ordre de l’empereur mais bien pour satisfaire aux exigences de l’administration des patrimoines de Saint-Germain-des-Prés.
Ce résultat, ainsi que de nombreux autres doit beaucoup, sinon tout, au patient travail de Jean-Pierre Devroey qui, sans jamais déroger aux règles de l’érudition la plus scrupuleuse parvient à des résultats novateurs et parfois surprenants.
Le second point que je voudrais évoquer ici pour terminer est celui de la formalisation de la recherche et de l’expression de la pensée. Jean-Pierre Devroey raisonne par ou avec des tableaux. Ses textes sont parsemés de tables qui ne sont pas des illustrations mais qui font partie du raisonnement et guident le lecteur dans la classification qu’il fait des informations qu’il prend dans la documentation. Sa recherche et les outils sur lesquels repose sa réflexion sont présentés en même temps que ses résultats. J.-P. Devroey présente les données sur lesquelles il travaille en même temps qu’il les construit, dans un processus d’élaboration qui implique le lecteur, lequel ne doit pas céder à la tentation de se limiter au texte verbalisé, mais examiner aussi les preuves du raisonnement. Celles-ci ne se limitent pas à des pièces justificatives exhibées à la fin de l’ouvrage ou de l’article. Elles sont incorporées au texte et lui donnent un autre niveau de lecture. La pensée de Jean-Pierre Devroey est une pensée tabulaire autant qu’elle est une pensée verbale, précise et claire. Ce mode d’expression permet de constuire et d’éclaircir les différentes combinatoires que les tableaux permettent de suggérer. Elle est aussi, lorsque c’est nécessaire, mais plus rarement, une pensée graphique, les graphiques étant également une façon de synthétiser les informations voire de les déployer dans le temps.
Il ne me reste plus qu’à remercier Jean-Pierre Devroey d’avoir bien voulu accepter notre invitation à débattre et à discuter et à me féliciter de sa présence amicale, certes immatérielle, mais effective à cette journée du Lamop.
Laurent FELLER
Références bibliographiques
Ester Boserup, The conditions of agricultural growth, Londres, 1965 (trad. fr. Évolution agraire et pression démographique, Paris 1970).
Emily Coleman, « L’infanticide dans le haut Moyen Âge », Annales ESC, 29 (1974), p. 315-335.
Jean-pierre Devroey, « Mansi absi : indices de crise ou de croissance de l’économie rurale du haut Moyen Âge », Le Moyen Âge, 82 (1976), pp. 421-451.
Jean-Pierre Devroey, « A propos d’un article récent : l’utilisation du polyptyque d’Irminon en démographie », Revue belge de philologie et d’histoire, 55/2 (1977), p. 509-514.
Jean-Pierre Devroey, « Les méthodes d’analyse démographique des polyptyques du haut Moyen Âge », Acta Historica Bruxelliensa, IV, Histoire et Méthode, (1981), p. 71-88.
Jean-Pierre Devroey, « Un monastère dans l’économie d’échanges. Les services de transport à l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés au IXe siècle », Annales ESC, 39 (1984), p. 570-589.
L’épeautre (triticum spelta), Jean-Pierre Devroey et Jean-Jacques Van Mol (éd.), Bruxelles, 1989.
Jean-Pierre Devroey, « La céréaliculture dans le monde franc », L’ambiente vegetale nell’alto medioevo, Spolète, 1990 (Settimane del CISAM, 37).
Le seigle, histoire et ethnologie, Jean-Pierre Devroey, Jean-Jacques Van Mol et Claire Billen (éd.), Bruxelles, Centre belge d’histoire rurale, n°112, 1995.
Jean-Pierre Devroey, Économie rurale et société dans l’Europe franque (VIe-IXe siècles), Paris, 2003.
Jean-Pierre. Devroey, Puissants et misérables. Système social et monde paysan dans l’Europe des Francs (VIe-IXe siècles), Bruxelles, 2006.
Jean-Pierre Devroey, « Au-delà des polyptyques. Sédimentation, copie et renouvellement des documents de gestion seigneuriaux entre Seine et Rhin (IXe-XIIIe siècle) », Décrire, inventorier, enregistrer… X. Hermand, J.-F. Nieus et E. Renard (éd.), Paris, 2013, p. 53-86.
Jean-Pierre Devroey, La nature et le roi. Environnement, pouvoir et société à l’âge de Charlemagne (740-820), Paris, 2019 (L’évolution de l’Humanité).
Michel Foucault, Sécurité, territoire, population. Cours au Collège de France. (1977-1978), Paris, 2004.
Vito Fumagalli, Paysages de la peur. L’homme et la nature au Moyen Âge [trad. fr. de Paesaggi della Paura. Vita e natura nel Medioevo, 1994], Bruxelles, 2009.
Eileen Power, Gens du Moyen Âge: six croquis de la vie ordinaire [trad. fr. de Medieval People, 1924], Bruxelles, 2012.
Pierre Toubert, « La part du grand domaine dans le décollage économique de l’Occident (VIIIe-Xe siècles) », La croissance agricole du haut Moyen-Age, (Flaran, 10, sept. 1988), 1990, p. 53-86. [= L’Europe dans sa première croissance, p. 73-115].
Chris Wickham, Framing the Early Middle Ages. Europe and the Mediterranean (400-800), Oxford, 2005.
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Eliana Magnani (9 août 2021). Jean-Pierre Devroey. Un portrait par Laurent Feller. Journée du Lamop du 27 mai 2021. Les carnets du LaMOP. Consulté le 17 septembre 2024 à l’adresse https://lamop.hypotheses.org/7160
