Atelier – Écrire l’histoire des maquettes produites dans les couvents féminins (XVIIIe-XXe siècle)

Paris, jeudi 18 novembre 2021 (9h30-18h)

Campus Condorcet, Centre des colloques, salle 3.01

Place du Front populaire, 93322 Aubervilliers cedex

Atelier organisé dans le cadre du programme de recherche Enfermements (enfermements.fr), 4^e étape : Travail en milieux clos

Organisatrice: Élisabeth Lusset (CNRS – LaMOP UMR 8589, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)

Inscription: elisabeth(point)lusset(at)univ-paris1.fr

Entre le XVIII^e siècle et le premier tiers du XX^e siècle, des milliers de religieuses cloîtrées de Bourgogne, de Provence, de Bavière, de Suisse ou encore de la péninsule Ibérique ont communiqué avec leurs parents en produisant des maquettes ou dioramas, dans des boîtes vitrées, des œufs et même des coquilles de noix, qu’elles offraient à leur famille. Les religieuses s’y représentent sous une forme miniaturisée, petites poupées en prière enfermées dans leur cellule, entourées des objets de leur quotidien minutieusement reconstitué (lit, bénitier, crucifix, balai, corbeille à ouvrage, images pieuses, parfois cilice et discipline). Insolites et ambigües, ces boîtes dévoilent l’intimité d’un lieu protégé par le secret de la clôture… Elles sont autant d’autoportraits de religieuses vouées, en théorie, à l’oubli d’elles-mêmes. À côté des maquettes reproduisant la cellule individuelle, on trouve également des scènes collectives (infirmerie, chapelle…) et plus rarement des maquettes de l’ensemble du couvent. Ces maquettes, qui ont reçu des noms divers (beatiho, « cellules de nonne » ou encore « boîtes de nonne ») ont suscité l’intérêt des collectionneurs et des artistes dès la fin du XIX^e siècle, notamment du poète Frédéric Mistral qui les considère dans leur dimension ethnographique. Certaines sont conservées au Museon Arlaten, au Musée d’Art Sacré de Pont-Saint-Esprit, au Musée d’art et d’histoire de Fribourg, mais également chez des collectionneurs privés (hôtel d’Agar de Cavaillon, association Trésors de ferveur à Chalon)[1]. En mettant ces objets en série et en croisant les analyses des historiens, des historiens de l’art et de l’architecture, des littéraires, des ethnologues, des collectionneurs et des restaurateurs, cette journée d’étude entend « rendre son épaisseur d’histoire »[2] à ces objets méconnus alors qu’ils ont été produits en masse dans les couvents féminins européens pendant plusieurs siècles.

[1] Thierry Pinette et Laure Monnier (dir.), Catalogue « Cellules de nonnes » de la collection Trésors de Ferveur, Musée du Hiéron, Paray-Le-Monial, 2018.

[2] Marie Lezowski et Laurent Tatarenko (dir.), Façonner l’objet de dévotion chrétien. Fabrication, commerce et circulations (XVIe-XIXe siècle), Archives de sciences sociales des religions, 183, 2018.

Programme 

Introductions

9h30-10h – Élisabeth Lusset (CNRS), Introduction : historiographie, sources et inventaire

10h-10h20 – Thierry Pinette (association Trésors de ferveur), « Ma première cellule »

Matinée – Réinscrire l’objet dans le contexte du couvent : artisanat monastique et pratiques conventuelles

Discutante : Isabelle Heullant-Donat (Université Reims Champagne Ardenne)

10h45-11h15 – Ghislain Tranié (Sorbonne Université), Les « cellules de nonnes », paradigmes de la performance du travail en milieu clos (XVIIe-XVIIIe siècles) ?

11h30-12h – Marie-Elisabeth Henneau (Université de Liège), Les poupées au couvent

Après-midi – Réinscrire les “cellules de nonne” dans les pratiques sociales des XVIIIe-XXe siècles

Discutant: Antoine Roullet (CNRS)

14h-14h30 : Anne Jusseaume (Université d’Artois), Boîtes de nonnes et vie religieuse féminine, XIX^e-XX^e siècles. 

14h45-15h15 : Manuel Charpy (CNRS) : Des poupées et des nonnes. Les mondes en miniatures féminins au XIXe siècle

15h30-15h45: Donna Sadler (Agnes Scott College) : The Nun’s Cell: Mirror, Memoir, and Metaphor of Conventual Life

16h-17h30- Table-ronde conclusive

Inès Anrich (Université Paris 1 Panthéon Sorbonne)

Raphael Bories (Mucem, Pôle croyances et religion)

Antoinette Gimaret (Université de Limoges)

Anne Lepoittevin (Université Paris Sorbonne)

Marie Lezowski (Université d’Angers)

Dominique Serena-Allier (ancienne directrice du Museon Arlaten)

Contact : elisabeth.lusset[a]univ-paris1.fr

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