Cercle de “Production du savoir médiéviste” (CTCPSM)

Le « Cercle de travail sur les conditions de production du savoir médiéviste » (CTCPSM) est un séminaire qui se tient annuellement depuis 2010, à chaque fois pour une semaine entière. Il regroupe des chercheurs de différents continents et de différents statuts (chercheurs, universitaires, conservateurs, post-doctorants), travaillant sur des objets variés (du monde agraire du VIIIe siècle en Allemagne aux vitraux de la fin du Moyen Âge en France), avec pour but de dépasser les cloisonnements disciplinaires qui empêchent une saisie du Moyen Âge dans sa logique d’ensemble. Les langues de travail sont à chaque fois le français et l’allemand. Contrairement à ce qui est devenu l’habitude dans les colloques, et alors même qu’il n’est pas de science possible sans confrontation effective des hypothèses, méthodes et résultats, tout l’accent est mis sur la discussion collective : un nombre restreint de papiers longs est envoyé au moins 15 jours à l’avance, et chacun est ensuite longuement discuté (au moins une demi-journée et souvent davantage en fonction de la longueur du travail et suivant la dynamique effective des discussions), dans l’optique d’une réécriture forte avant publication.

Le groupe a pour ambition, d’un même mouvement, de réfléchir de façon critique aux conditions (épistémologiques, théoriques et méthodologiques, donc également sociales) de production du savoir médiéviste, et de développer pratiquement, de façon expérimentale, de nouveaux modes de production, collaboratifs, de ce savoir. La réflexion porte donc d’une part sur l’historiographie (au sens propre), d’autre part sur la théorie – qu’il s’agisse d’une réflexion strictement relative à l’histoire médiévale, plus largement d’une épistémologie de l’histoire, ou plus largement encore d’une réflexion sur les conditions sociales d’exercice de l’activité intellectuelle –, enfin sur les conséquences à tirer du bouleversement que représente désormais la mise à disposition d’énormes quantités de textes numérisés mais aussi d’instruments statistiques open source qui en facilitent l’analyse statistique. L’objectif principal du groupe est de parvenir à un mode véritablement collectif de réflexion et d’écriture : à un intellectuel collectif, soit un médiéviste d’un type nouveau.

Une partie des membres du CTCPSM (2022). De gauche à droite : Joseph Morsel, Ludolf Kuchenbuch, Nicolas Perreaux, Anita Guerreau-Jalabert, Didier Méhu, Alain Guerreau, Séverine Lepape, Julien Demade, Juan Jose Larrea.

On trouvera ci-dessous la liste des publications issues du séminaire.

Une présentation globale des résultats atteints est fournie par Ludolf Kuchenbuch, « ‘Es ist an uns, es zu sagen!’ Feudalismus-Forschungen seit der Mitte der 1980er Jahre bis heute im Überblick », in Ludolf Kuchenbuch, Marx, feudal. Beiträge/Studien zur Gegenwart des Feudalismus in der Geschichtswissenschaft 1970-2020, Berlin, Dietz, 2023, p. 75-91, en l’occurrence p. 84-91.

Publications issues du « Cercle de travail sur les conditions de production du savoir médiéviste » (l’ordre chronologique de présentation ne préjuge nullement de la date de discussion du texte)

– Ludolf KUCHENBUCH, « Zwischen Improvisation und Text. Schriftanthropologische Erwägungen eines Jazzamateurs und Mediävisten zur Musikhistorie », Historische Anthropologie, 2010, vol. 18, no 1, pp. 120 139.
– Didier MEHU, « Les figures de l’édifice ecclésial d’après le « Guide du pèlerin de Saint-Jacques de Compostelle » », in Lieux sacrés et espace ecclésial (IXe-XVe siècle), coll. « Cahiers de Fanjeaux », n˚ 46, 2011, pp. 79 113.
– Julien DEMADE, « L’histoire (médiévale) peut-elle exciper d’une utilité intellectuelle qui lui soit spécifique ? », in Pourquoi étudier le Moyen Âge ? Les médiévistes face aux usages sociaux du passé, Paris, Publications de la Sorbonne, coll. « Histoire ancienne et médiévale », n˚ 114, 2012, pp. 15 60.
– Alain GUERREAU, « Marx und das Mittelalter. Zur Frage seiner Quellen », in Marx und der Feudalismus II, Berlin, Helle Panke, coll. « Philosophische Gespräche », n˚ 25, 2012, pp. 5 36.
– Ludolf KUCHENBUCH, « Die dreidimensionale Werk-Sprache des Theophilus presbyter. « Arbeits »-semantische Untersuchungen am Traktat De diversis artibus », in Textus – Opus – Feudalismus. Mediävistische Anthropologie, Campus, coll. « Historische Studien », 2012, pp. 341 402.
– Juan José LARREA, « L’autre visage du manse. Actes de la pratique et structures agraires dans la vallée du Rhin moyen au VIIIe siècle », Frühmittelalterliche Studien, 2012, vol. 46, pp. 41 98.
– Alain GUERREAU, « Réflexions sur l’historiographie clunisienne. Biais, apories, concepts », in Didier MEHU (dir.), Cluny après Cluny. Constructions, reconstructions et commémorations, 1790-2010, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », 2013, pp. 247 294.
– Anita GUERREAU-JALABERT, « Flesh and blood in medieval language about kinship », in Christopher H. JOHNSON, Bernhard JUSSEN, David Warren SABEAN et Simon TEUSCHER (dirs.), Blood and Kinship : Matter for Metaphor from Ancient Rome to the Present, New York, Berghahn Books, 2013, pp. 61 82.
– Anita GUERREAU-JALABERT, « Spiritus et caro. Une matrice d’analogie générale », in F. ELSIG et T. LE DESCHAULT DE MONREDON (dirs.), L’image en question. Pour Jean Wirth, Genève, Droz, 2013, pp. 290 295.
– Nicolas PERREAUX, « Mesurer un système de représentation ? Approche statistique du champ lexical de l’eau dans la Patrologie Latine », in SOCIETE DES HISTORIENS MEDIEVISTES DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR PUBLIC (dir.), Mesure et histoire médiévale. XLIIIe congrès de la SHMESP (Tours, 31 mai-2 juin 2012), Paris, Publications de la Sorbonne, coll. « Histoire ancienne et médiévale », n˚ 123, 2013, pp. 365 374.
– Ludolf KUCHENBUCH, « Vom caput zum corpus. Basisthesen und hominologische Hypothesen zur servitus im mittelalterlichen Millenium », in Alexander JENDORFF et Andrea PÜHRINGER (dirs.), Pars pro toto. Historische Miniaturen zum 75. Geburtstag von Heide Wunder, Neustadt an der Aisch, 2014, pp. 3 25.
– Nicolas PERREAUX, « De l’accumulation à l’exploitation ? Expériences et propositions pour l’indexation et l’utilisation des bases de données diplomatiques », in Georg VOGELER (dir.), Digital Diplomatics. The Computer as a Tool for the Diplomatist ?, Köln, Böhlau, coll. « Archiv für Diplomatik, Schriftgeschichte, Siegel- und Wappenkunde », n˚ 14, 2014, pp. 187 210.
– Uta KLEINE, « Die Überlieferung des Corpus agrimensorum romanorum im Mittelalter », in Patrizia CARMASSI (dir.), « Diese Liebe zu den Büchern beherrscht mich so mächtig » – Marquard Gude (1635-1689) und seine Handschriften, Wolfenbüttel, 2015.
– Ludolf KUCHENBUCH, « Dienen als Werken. Eine arbeitssemantische Untersuchung der Regel Benedikts », in Willibald STEINMETZ (dir.), Semantiken der Arbeit, 2015.
– Didier MEHU, « Augustin, le sens et les sens. Réflexions sur le processus de spiritualisation du charnel dans l’Église médiévale », Revue historique, 2015, vol. 674, no 2, pp. 269 300.
– Nicolas PERREAUX, « La production de l’écrit en Bourgogne sous le regard des bases de données. Réflexions et hypothèses sur le développement inégal du système féodal à partir des pratiques de l’écrit », in Éliana Magnani (dir.), Productions, remplois, mises en registre : la pratique sociale de l’écrit à travers la documentation médiévale bourguignonne. Auxerre, abbaye Saint-Germain, 24 et 25 septembre 2009, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2015.
– Séverine LEPAPE et Michel HUYNH, « De nouveaux témoignages iconographiques des coffrets à estampes », Nouvelles de l’Estampe, 2016, vol. 256, pp. 4 18.
– Joseph MORSEL, « Traces ? Quelles traces ? Réflexions pour une histoire non passéiste », Revue historique, 2016, no 680, pp. 813 868.
– Nicolas PERREAUX, « L’écriture du monde (I). Les chartes et les édifices comme vecteurs de la dynamique sociale dans l’Europe médiévale (VIIe-milieu du XIVe siècle) », Bulletin du Centre d’études médiévales d’Auxerre, vol. 19.2, janvier 2016, https://cem.revues.org/14264.
– Nicolas PERREAUX, , « L’écriture du monde (II). L’écriture comme facteur de régionalisation et de spiritualisation du mundus : études lexicales et sémantiques », Bulletin du Centre d’études médiévales d’Auxerre, vol. 20.1, 2016, https://cem.revues.org/14452.
– Nicolas PERREAUX, « De structures inconciliables ? Cartographie comparée des chartes et des édifices ‘romans’ (Xe-XIIIe siècles) », dans GASSE-GRANDJEAN M.-J. et SALIGNY L. (dir)., La géolocalisation des sources anciennes, Dijon, 2016, https://cem.revues.org/13817 (Bulletin du Centre d’études médiévales d’Auxerre, Hors-série n° 9).
– Nicolas PERREAUX, « Chronologie, diffusion et environnement des villae dans l’Europe médiévale (VIIe-XIIIe siècles) : recherches sur les corpus diplomatiques numérisés », dans BULLY S. et SAPIN C. (dir.), L’origine des sites monastiques : confrontation entre la terminologie des sources textuelles et les données archéologiques, Dijon, 2016, https://cem.revues.org/14476 (Bulletin du Centre d’études médiévales d’Auxerre, Hors-série n° 10).
– Julien DEMADE, Produire un fait scientifique. Beveridge et le Comité international d’histoire des prix, Paris, Éditions de la Sorbonne, coll. « Homme et Société », n˚ 57, 2018.
– Julien DEMADE, « Postface. Les communautés d’habitants médiévales, ou la spatialisation autonome comme domination », in Joseph MORSEL (dir.), Communautés d’habitants au Moyen Âge (XIe-XVe siècles), Paris, Éditions de la Sorbonne, coll. « Histoire ancienne et médiévale », n˚ 157, 2018, pp. 539 564.
– Joseph MORSEL, « La faucille ou le goupillon ? Observations sur les rapports entre communauté d’habitants et paroisse en Europe du Nord-Ouest (notamment en France aux XIIe-XIIIe siècles) », in Joseph MORSEL (dir.), Communautés d’habitants au Moyen Âge (XIe-XVe siècles), Paris, Éditions de la Sorbonne, coll. « Histoire ancienne et médiévale », n˚ 157, 2018, pp. 359 419.
– Nicolas PERREAUX, « Le rythme de l’écriture. Productions des chartes et dynamique sociale (IXe-XIIIe siècles) : Bourgogne, Centre, Pays de la Loire », dans SENSEBY C. (dir.), L’écrit monastique dans l’espace ligérien, Presses Universitaires de Rennes, Rennes, 2018, pp. 29-50.
– Alain GUERREAU, Saint-Philibert de Tournus : la société, les moines, l’abbatiale, Paris, Association pour l’inscription de l’abbaye Saint-Philibert de Tournus, 2019.
– Juan José LARREA, « Escribir el espacio entre la auctoritas, la lengua hablada y el régimen agrario: Campus en los fondos documentales de Wissembourg, Lorsch y Fulda entre el siglo VIII y mediados del IX », Studia Historica. Historia Medieval, 37, 2019, pp. 53-78.
– Julien DEMADE, « Le système seigneurial ou la transsubstantiation de la valeur d’usage en valeur d’échange », Genèses. Sciences sociales et histoire, vol. 121, décembre 2020, pp. 76-98. 

–Ludolf KUCHENBUCH, « ‘Es ist an uns, es zu sagen!’ Feudalismus-Forschungen seit der Mitte der 1980er Jahre bis heute im Überblick », in Ludolf KUCHENKUCH, Marx, feudal. Beiträge/Studien zur Gegenwart des Feudalismus in der Geschichtswissenschaft 1970-2020, Berlin, Dietz, 2023, p. 75-91.
– Nicolas PERREAUX, « In nomine patris. Éléments pour une sémantique de la paternité médiévale », in DUMONT L., JULIEN O. et LAMASSE S. (dirs.), Histoires de mots. Saisir le passé grâce aux données textuelles, Éditions de la Sorbonne, Paris, 2023, pp. 127-159.

Travaux à paraître

– Alain GUERREAU, La dynamique de l’Europe féodale
– Anita GUERREAU-JALABERT, Les rapports de parenté dans la société médiévale
– Ludolf KUCHENBUCH, Die Servitus im Mittelalter
– Didier MÉHU, Augustin, Paulin de Nole et les autres
– Joseph MORSEL, « La charte féodale comme opérateur temporel. Observations à partir de chartes de l’Empire des XII^e-XV^e siècles » (proposé à Francia)
– Joseph MORSEL, « Le pouvoir laïque est-il profane ? Classement distinctif et spiritualisation seigneuriale en Haute-Allemagne à la fin du Moyen Âge » (proposé au BUCEMA).
– Joseph MORSEL « Auf der Suche nach einer verlorenen (sozialen) Zeit. Annäherungsversuch an die mittelalterliche Zeitlichkeit » (proposé à Historische Anthropologie).
– Joseph MORSEL, « Circulation ou comparticipation ? Observations critiques sur les limites historiques du schème circulatoire appliqué aux pratiques sociales ».
– Joseph MORSEL, Sous le sceau de la Révélation. Incarnation, temps et espace d’après un corpus iconographique d’Europe centrale à la fin du Moyen Âge (fin XIV^e-début XVI^e siècles).

– Nicolas PERREAUX, Modéliser l’Europe médiévale. Dynamique, scripturalités, représentations